Cisse et Sixtre


Interêt du site

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Comprendre l’origine de la Cisse et de la Sixtre, en Petite Beauce. Apprécier les caractéristiques de la géomorphologie de la Petite Beauce. Le paysage de la Beauce est singulier : horizontal sans être vraiment plat, discrètement sillonné par diverses vallées, sèches ou mouillées, aux versants largement étalés. C’est le pays du karst, celui des calcaires de Beauce, avec des pertes et des résurgences ; l’eau y est essentiellement souterraine. La fertilité de la plaine est due au mince recouvrement des calcaires par le Limon des plateaux ; sans lui la Petite Beauce serait un causse.

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Géodiversité


La géomorphologie et l’hydrographie de la Petite Beauce peuvent être appréciées dans divers sites :

1. la vallée amont de la Sixtre et la perte de la Sixtre à la Madeleine-Villefrouin
2. la résurgence de la Sixtre et la confluence Cisse-Sixtre
3. la résurgence de la Cisse aux Caves, près de Bois-Brûlé

4. une vallée sèche : Vallée Gassante
5. un vallon sec : Roquezon


 Géographie et géologie de la région


Les ruissellements du bombement anticlinal de Marchenoir, sur lequel est située la forêt du même nom, sont collectés à l’Ouest et au Sud par divers petits ruisseaux. Certains confluent pour former la Sixtre dont les eaux se perdent à la Madeleine-Villefrouin ; d’autres se perdent dans la roche en divers points : le Muid de la Borde près de Villemuzard (commune de Lorges), près du Tertre (commune de Saint-Léonard-en-Beauce) en amont de la Vallée Gassante (cf. fig. 4)…
Deux résurgences principales sont respectivement à l’origine des cours pérennes de la Cisse et de la Sixtre (cf. fig. 4) : aux Caves, près du Bois Brûlé, en limite sud de la commune de Boisseau, et à l’est du Marais de Maves (commune de Maves). La confluence Cisse-Sixtre s’effectue dans le Marais de Parture.

Le débit des sources et rivières, ainsi que le niveau de l’eau dans les marais, sont étroitement dépendants des variations du niveau supérieur de l’eau de la nappe de Beauce ; ce dernier étant directement lié au volume des pluies.
Ces vallées et ces marais, oasis dans "l’océan des blés", corridors des « Trames verte et bleue », concourent de manière fondamentale à la biodiversité de cette partie du Loir-et-Cher.
Les vallées aujourd’hui sèches - Vallée Gassante, Vallée Cassante, les Vallées, petites vallées des Hôpitaux et de l’Image, vallée de Roquezon, Vallée de la Blanchonnière et Vallée de La Selle (ces dernières étant deux parties

de la vallée de la Sixtre) - témoignent de l’existence de ruisseaux alimentés par une nappe d’un niveau supérieur plus élevé pendant les interstades frais et humides de la dernière glaciation. Elles sont aussi marquées par un fond colluvionné résultant de la gélifluxion pendant les épisodes plus froids. Ces fonds, riches en argile, sont aujourd’hui cultivés.

Les directions des vallées révèlent les deux principaux axes des cavités du réseau karstique et des circulations souterraines : axe Montigny-Vallée Gassante-Les Vallées, avec la résurgence des Caves, source principale de la Cisse ; axe Bourrichard-Pontijou avec la résurgence du Marais de Maves, source principale de la Sixtre.
Ces axes ont la même direction (NE-SW) qu’une famille de failles du socle profond du Bassin parisien ; ces failles ont affecté par des rejeux récents les terrains sédimentaires sus-jacents et notamment les calcaires de Beauce après leur dépôt. Fragilisés et cassés depuis longtemps, les calcaires ont facilement été dissous par les eaux météoriques chargées en dioxyde de carbone ; des réseaux karstiques* orientés NE-SW en ont résulté. Pendant la dernière glaciation, ces réseaux karstiques ont facilité la création initiale des vallées, et les cours souterrains de la Cisse et de la Sixtre dans les calcaires de Beauce. Comme cela est le cas pour le Boulon (cf. p. 68), les failles ont contraint l’écoulement des eaux. C’est un autre bel exemple de contrainte ou de guidage tectonique* déterminant la création de vallées récentes.

Perte au Tertre. Les eaux du ruisseau proviennent de ruissellements à l’Ouest de Marchenoir.
Localisation de la perte au Tertre et partie amont de la Vallée Gassante.

  1. Haute vallée de la Sixtre et perte de la Sixtre à La Madeleine-Villefrouin


Situation topographique.
La Sixtre avant sa perte près de Bourrichard (B). Le ruisseau, bien que transformé en canal de drainage, a conservé les sinuosités de son cours.

Situation géologique de la Haute-Sixtre et de la perte de la Sixtre.

La Sixtre avant sa perte près de Bourrichard (B). Le ruisseau, bien que transformé en canal de drainage, a conservé les sinuosités de son cours.

La Sixtre coule sur l’ "éocène détritique", formation globalement imperméable. La vallée de Saint-Paul, aujourd’hui sèche, témoigne de l’existence d’un petit ruisseau probablement alimenté par la nappe des calcaires lacustres lors d’épisodes plus humides pendant la dernière glaciation.

Entre les deux petits ponts de La Madeleine-Villefrouin (C), la Sixtre se perd dans le karst des calcaires lacustres. L’eau de la Sixtre et de la nappe des calcaires lacustres sont confondues en profondeur. Cette eau est pompée dans divers forages pour l’irrigation.


  2. Résurgence de la Sixtre - Marais de Maves (Maves) et confluence Cisse-Sixtre (Conan, Maves)


Situation topographique.
Le Marais de Maves avant Pontijou.
La résurgence est située dans le bois au-delà du deuxième méandre (elle est accessible par le chemin bordant le stade). A l’arrière-plan, la forêt de Marchenoir installée sur l’anticlinal du même nom forme un léger relief s’élevant d’une trentaine de mètres au-dessus de la plaine environnante.

En aval du Marais de Maves, les couches argileuses imperméables sont proches de la surface. Cette disposition facilite la résurgence de la Sixtre alimentée par la nappe des calcaires karstifiés.
La nappe des calcaires alimente marais, Cisse et Sixtre, installés sur une couche imperméable. Les écoulements vers l’aval drainent la nappe, ce qui entraîne un rabattement du niveau supérieur de l’eau.


à Pontijou, le tracé de l’ancienne ligne de tramway à vapeur qui reliait Blois à Oucques offre, du pont, une vue satisfaisante sur le Marais de Maves (B). Le Calcaire de Beauce constituant le support de la Petite Beauce est observable dans la tranchée conduisant au pont.


Pontijou. Tranchée de l’ancienne voie ferrée dans le Calcaire de Beauce
Confluence Cisse-Sixtre en aval de Pontijou dans le Marais de PartureCe paysage est observable au Coteau de Molinas, sur la D39, entre Pontijou et Villerberfol (C). Au premier plan : le Coteau de Molinas ; au deuxième plan, le marais de Parture ; au troisième plan, les méandres de la Cisse. Une partie du Coteau de Molinas est classé ENS.

  3. Résurgence de la Cisse aux Caves (Boisseau)


Pontijou. Tranchée de l’ancienne voie ferrée dans le Calcaire de Beauce
Les Caves. Amont du marais alimenté par la résurgence de la Cisse. L’alimentation de la résurgence, ainsi que le niveau d’eau dans le marais, sont étroitement liés au volume des précipitations. Le contexte géologique est identique à celui de la résurgence de la Sixtre, l’"éocène détritique" étant imperméable.

  4. La Vallée Gassante (Saint-Léonard-en-Beauce)


La Vallée Gassante est la partie amont d’une vallée sèche de 6 km de long et marque en surface le réseau karstique souterrain qui aboutit à la résurgence de la Cisse. C’est une des vallées sèches remarquables de la Petite Beauce.


Vallée Gassante
Le fond colluvionné, riche en argile, est cultivé. Les versants sur calcaire sont occupés par une pelouse calcicole. Après des pluies hivernales continues pendant plusieurs jours, une tranche d’eau peut occuper le fond riche en argile, en partie imperméable. L’eau, provenant du Tertre en amont, ne se perd plus momentanément dans le karst.

Vallée Gassante : situations topographique et géologique.
à la sortie nord de Pontijou, prendre la D110 en direction de Marchenoir (belle vue sur la vallée sèche dans sa partie les Vallées, puis au carrefour de Sermaise, la route vers Villeneuve-Frouville.

Même si le creusement se poursuit aujourd’hui, l’érosion étant toujours active, l’incision principale s’est faite pendant la dernière glaciation.

Les colluvions occupant le fond des thalwegs sont constituées de divers éléments issus du Limon des plateaux et de l’altération des calcaires (particules fines de nature sableuse ou argilo-marneuse et cailloux calcaires).

Un réseau karstique souterrain draine les eaux pluviales de la Vallée Gassante. La source de la Cisse, située au lieu-dit Les Caves en est une résurgence. Ce réseau peut être saturé en cas de pluies importantes, l’eau coule occasionnellement dans la vallée sèche devenue momentanément active.


  5. Roquezon, vallée sèche et éperon (La-Chapelle-St-Martin-en-Plaine)

Dans Maves, prendre la rue de la Sixtre en direction du Villiers. L’accès à l’éperon de Roquezon s’effectue par un chemin en terre.
Propriétaires : Commune, Association foncière, Conservatoire d’espaces naturels de Loir-et-Cher, agriculteurs.

La petite vallée sèche, Roquezon puis Pisse-Grenouille, conflue avec la Vallée de la Blanchonnière partie sèche de la vallée de la Sixtre à ce niveau. Ces vallées illustrent ce qu’était le chevelu hydrographique de la Petite Beauce pendant la dernière glaciation.
La configuration géologique est identique à celle de la Vallée Gassante : substratum calcaire karstifié et axe de la vallée occupée par des colluvions.
Plusieurs tas de pierres, issus d’anciennes carrières artisanales ayant exploitées le site, montrent divers aspects du calcaire aquitanien : à grain fin, bréchique, meuliérisé, stromatolithique… Ce dernier faciès est facile à trouver à Roquezon.


Calcaire avec stromatolithes Les couches concentriques correspondent à des constructions calcaires fossiles, en forme de petits dômes (A : vue de dessus selon une coupe perpendiculaire à leur axe vertical), édifiées par des Cyanobactéries photosynthétiques vivant dans l’eau (salée, saumâtre ou minéralisée) ou sur des surfaces humides. Les mamelons sont constitués de petites couches superposées (B : vue en coupe). Chaque couche est précipitée par les activités biochimiques pratiquées par les Cyanobactéries (photosynthèse par exemple).

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Biodiversité

L’éperon de Roquezon, délimité vers le Sud et l’Ouest par le coude de la vallée sèche, est une mosaïque de milieux calcicoles. Le site renferme plusieurs espèces de plantes protégées : 5 espèces d’orchidées, l’Anémone pulsatile (Pulsatilla vulgaris), l’Euphraise de Jaubert (Odontites jaubertianus), l’Adonis d’été (Adonis aetivalis). Avec l’avifaune, la petite faune de plaine et des insectes thermophiles (par exemple, le Dectique verrucivore-Decticus verrucivorus aussi appelé Sauterelle à sabre), ils constituent des enjeux spécifiques de conservation.

Classements : une partie du site est inclue dans les zones Natura 2000 « Vallée de la Cisse en amont de Saint-Lubin » et inscrite au Schéma des espaces naturels sensibles du département (ENS). Cet espace est géré par le Conservatoire des espaces naturels du Loir-et-Cher.

L’Anémone pulsatile (Pulsatilla vulgaris)
L'adonis d'été (Adonis aestivalis)

Pour aller plus loin !

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Localisation


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A voir aussi


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